Boogle, la smart pétanque
Virginie Dupont
traductrice x journaliste
Emblème indissociable du sud de la France, la pétanque traverse aujourd’hui les frontières et les générations. Chez nous, les terrains Boogle, modulaires et (dé)montables en 10 minutes, à l’intérieur comme à l’extérieur, remportent un franc succès.
Longtemps cantonné à une image populaire, le cochonnet s’émancipe peu à peu du pastis et du chant des cigales. Si la France est le pays qui compte le plus de membres dans ses clubs de pétanque, la discipline est aussi pratiquée ailleurs, par exemple en Thaïlande où elle a conquis le statut de sport national et en Suède où les hipsters louent son authenticité. Dans son pays natal, le jeu de boules séduit les bobos parisiens et fait vivre l’économie locale, comme en témoigne le Mondial la Marseillaise à pétanque qui rassemble 13.000 joueurs de tous niveaux et accueille plus de 150.000 spectateurs chaque année.
Psychologue de formation et bouliste invétéré, le Liégeois Patrick Neuville a fait de sa passion son métier. Aujourd’hui organisateur d’événements autour de la pétanque, il crée son premier event pour les clients de son cabinet de recrutement en 1991, qui se transforme dès l’année suivante en une compétition interentreprises réunissant une centaine d’équipes. « De retour de vacances en Provence, j’ai commencé à utiliser la pétanque comme outil de relations publiques pour mes clients. À l’époque, tous les événements d’entreprises exigeaient une bonne condition physique. Il fallait courir, nager, sauter. J’ai eu envie de proposer quelque chose de plus convivial et de plus accessible », raconte Patrick Neuville, directeur de Pétanque plus et de Boogle.
Entre-temps, les événements de Patrick Neuville se suivent et ne se ressemblent pas. Créé en 1996, son Trophée de Pétanque des Personnalités et des Décideurs est un rendez-vous de networking incontournable. Organisé à Spa, il permet à des sociétés de réseauter en parfaite convivialité tout en côtoyant sur le boulodrome des vedettes belges et françaises. Depuis dix ans, Pétanque plus organise quatre fois par an le Trophée des As où s’affrontent les aficionados du cochonnet et les meilleurs joueurs du monde.
Un sport qui déroule le tapis rouge
C’est en 1994 à Cassis, dans le cadre de ses Journées belges de pétanque auxquelles participent notamment Pierre Rapsat et Raymond Goethals, que Patrick Neuville fait la connaissance de Jean-Pierre Albertini, fou de pétanque et alors marchand de vin. Celui-ci envisage de développer une boule d’intérieur afin de ne plus être soumis aux aléas de la météo. Il lui faudra une dizaine d’années pour concevoir le modèle parfait, fabriqué aujourd’hui à Carpentras : une boule souple en PVC, dont le poids (680 g) et le diamètre (72 mm) sont similaires à ceux de la boule métallique, et qui offre les mêmes sensations de jeu sans les inconvénients (bruit, dégâts) du métal sur les revêtements intérieurs.
« C’est à partir de là qu’a germé l’idée de développer un terrain ad hoc, à la fois esthétique, facile à (dé)monter et ludique. Après un processus émaillé d’essais et d’erreurs avec mon beau-frère menuisier installé à Theux, Boogle voit le jour : un terrain constitué d’un tapis rouge en revêtement synthétique spécialement étudié et d’un encadrement design noir en bois laqué ou en acier corten (8 m x 2 m ou 6 m x 1 m 55), modulaire et démontable à l’intérieur comme à l’extérieur en seulement 10 minutes », détaille Patrick Neuville.
« Je voulais que Boogle devienne un outil d’échange et de bien-être dans les entreprises. Il me semblait aussi tout à fait adapté aux maisons de repos, car ce sport stratégique est basé sur le partage et le respect. De plus, la manipulation des boules souples présente des bénéfices non négligeables en termes d’ergothérapie pour les personnes âgées », poursuit le passionné de pétanque.
Chronique d’un succès pas annoncé
Après deux premiers gros clients – RTL Belgium et le Belgian Football Center de Tubize -, le développement de Boogle se voit ralenti face à la crise sanitaire puisque des communes, une chaîne d’hôtels et un célèbre croisiériste annulent leur commande au printemps dernier. « Mais le déconfinement et l’autorisation de jouer à la pétanque (et de faire du kayak) ont représenté un heureux concours de circonstances. Grâce à un généreux donateur bruxellois, séduit par notre concept et touché par l’isolement des personnes âgées, nous avons installé 120 terrains Boogle dans des maisons de repos wallonnes cet été », raconte Patrick Neuville.
Disponible à l’exportation, la dernière installation de Boogle a eu lieu à Paris, au Palais Vivienne, un lieu chargé d’histoire et d’objets liés à Napoléon Bonaparte qui met à la location sept espaces majestueux pour l’organisation d’événements privés », précise Marjorie Piette, la nouvelle responsable des événements Boogle qui se réjouit de la prochaine étape du projet. « Une Boogle House dans la région de Herve, qui comprendra un show-room et permettra de pratiquer la pétanque indoor dans le cadre d’un team building ou d’un after-work. »
(Fun) facts
« Tu tires ou tu pointes ? » Lorsqu’on joue à la pétanque, on peut « tirer » – lancer la boule de façon à ce qu’elle ôte une boule bien placée de l’adversaire – ou « pointer » – faire en sorte que la boule se rapproche le plus possible du cochonnet.
Lors de chaque édition, le pays hôte des Jeux olympiques propose une sélection de disciplines au Comité international olympique pour intégrer la compétition. Le breakdance, l’escalade, le skateboard et le surf figureront au programme des JO 2024, qui se dérouleront en France. La pétanque, candidate, a été recalée.
Contrairement aux autres sports collectifs, la pétanque associe les filles et les garçons, les femmes et les hommes, sans distinction de genre.
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